Société

Bien ou Bien : jeunes et solidaires sous Covid-19

25 octobre 2021 - par Jihane Bufraquech

Les initiatives solidaires des jeunes Bruxellois se sont multipliées depuis le début de la pandémie. Différentes organisations ont pris le temps d’aider les plus démunis et fragilisés face à la propagation du virus. En hiver 2020, l’asbl Bien ou Bien a lancé un appel aux dons pour confectionner des kits d’hiver pour les personnes sans domicile fixe ainsi que pour les réfugiés.

 

Bien ou Bien, dont le nom fut inspiré par une expression typiquement jeune et bruxelloise, est une association dont l’objectif est d’aider la jeunesse et de l’initier aux projets citoyens/humanitaires. Cette maison de jeunes existe depuis trois ans et a déjà réalisé plusieurs projets : voyages humanitaires, séances de soutien scolaire, débats politiques, actions citoyennes, collaborations et échanges avec d’autres maisons de jeunes, etc.

En novembre 2020, les jeunes décident de se mobiliser afin d’aider les plus démunis face au premier hiver sous Covid-19. « Ils et elles devaient récolter des fonds pour pouvoir confectionner des kits. Notre asbl n’a pas de subventions pour les financer. Par conséquent, les participants au projet ont dû se débrouiller et lancer un appel aux dons sur les réseaux sociaux. Leur défi était de récolter et confectionner 100 kits d’hiver pour des sans-abris, sans-papiers ainsi que des réfugiés en 10 jours. Les kits comprenaient : sac à dos, bonnets, gants, écharpes, chaussettes, un pack d’hygiène et quelques vivres (bouteilles d’eau et collations) » explique Ali El-Abbouti, éducateur de l’association.

 

Objectif atteint malgré quelques difficultés

Les jeunes de Bien ou Bien ont l’habitude de mener ce type d’actions mais il s’agissait d’une première sous Covid-19. D’après Mohamed Amine, membre de l’asbl depuis sa création et étudiant, « malgré les quelques difficultés liées au Covid, l’action s’est bien déroulée. On a atteint notre objectif et on a fait des rencontres exceptionnelles. Je réalise que j’ai beaucoup de chance de pouvoir subvenir à mes besoins, de manger, boire, dormir, avoir un logement, …

Quand on fait ce genre de projets, on se rend compte qu’on n'a plus le droit de se plaindre. Nos soucis ne sont que minimes face à ce que ces gens-là vivent tous les jours ».

Son éducateur confirme : « Ça s’est superbement bien passé. Les jeunes sont preneurs pour ce genre d’actions et ils et elles le sont toujours lorsqu’il s’agit d’apporter leur aide. La principale difficulté était le Covid. On avait peur de le contracter, de le ramener à la maison et de le refiler aux autres. Cela dit, malgré la peur de l’attraper, les jeunes se sont tout de même mobilisés car ils étaient conscients qu’en respectant les mesures sanitaires, ils pouvaient tout de même aider des personnes fragilisées qui avaient besoin de leur aide. En ce qui concerne l’école, il n’y a pas eu de grande difficulté car les cours étaient en distanciel et c’était plus simple de s’organiser. Les jeunes pouvaient suivre leurs cours dans notre local et juste après préparer les colis ».

 

La plus-value des jeunes

D’après une étude réalisée par l’Acodev[1], la fédération francophone et germanophone des associations de coopération au développement, les actions solidaires permettent aux personnes qui les mènent d’acquérir de nouvelles connaissances, de changer de comportement et de consolider l’ouverture d’esprit ainsi que la perception des  injustices et des inégalités. Ali El-Abbouti rajouterait même qu’en ce qui concerne les jeunes, « c’est très intéressant de mener ce genre d’actions avec eux et elles, car cela les éduque et on leur inculque plusieurs valeurs telles que la solidarité et le partage. De plus, ils et elles ont ce sens du travail en équipe qui manque dans notre société. Notre système tend à nous individualiser et nous pousse à faire les choses seul tandis que c’est ensemble qu’on est plus forts et qu’on peut réaliser de belles choses, comme cette initiative solidaire ».

« Je pense que les jeunes ont plus d’énergie et d’envie. On a ce petit boost que les autres personnes n’ont pas et je suis presque persuadé que voir la misère à notre âge nous permettra de l’éviter plus tard. De plus, le fait de constater ces réalités aujourd’hui nous aidera peut-être à mieux lutter contre demain » explique Mohamed Amine.

 

Les jeunes et le Covid-19 : duo inséparable

Depuis le début de la pandémie, les jeunes ont subi de nombreuses perturbations dans leur vie. « Je pense que les jeunes ont été un peu plus touchés par la pandémie que les autres. On a été privé de notre liberté, ce qui était inédit pour la plupart d’entre nous. Plusieurs dimensions de nos vies ont été affectées : nos études, notre vie personnelle,… C’est un peu compliqué mais on s’est habitué et maintenant on essaie de vivre avec » réagit Mohamed Amine.

De plus, malgré les difficultés importantes que cette dernière a dû traverser, la jeunesse bruxelloise a été cible de nombreuses attaques et a été jugée responsable de la propagation du virus. L’éducateur de Bien ou Bien réfute ces propos : « on oppose trop souvent les jeunes et le Covid. Les gens disent que les jeunes ne respectent rien, mais à mon niveau, j’ai vraiment vu le contraire. Ils et elles ont tout fait pour respecter les mesures sanitaires et faire attention aux personnes fragiles. Ils et elles se sont mobilisés pour des actions solidaires, étaient et sont encore là pour aider. Il n’y a qu’à voir tous les jeunes qui sont partis en Wallonie pour les inondations. Je pense qu’on sous-estime cette génération et sa capacité de résilience. D’un point de vue sociétal, on ne leur fait pas assez confiance et on remet en question leur réelle volonté. On dit souvent « les jeunes c’est le futur », mais si aujourd’hui on ne leur fait pas confiance, comment voulez-vous qu’ils évoluent et progressent dans cette société ? Si j’ai un conseil à donner aux jeunes c’est de continuer comme ça, de rester solidaires et de penser aux autres ».