Société

Marie, Responsable du Défi alimentation durable pour la commune d'Etterbeek

21 novembre 2013

© Photo fournie par Marie

Après un Master en anthropologie, Marie Feller a suivi une formation d'éco-conseillère. Elle travaille aujourd'hui au service du développement durable de la commune d'Etterbeek. Elle nous parle de deux projets dont elle s'occupe : le défi alimentation durable et les légumes bio d'Etterbeek, une formation au maraîchage biologique pour les stagiaires du CPAS.

Le défi alimentation durable

Marie a commencé par travailler sur le défi alimentation durable, un projet pilote visant à montrer qu’il est possible de manger de manière durable sans se ruiner. 

« Manger durable, cela veut dire qu’on mange local et de saison, que l’on consomme peu d’aliments transformés et que l’on fait attention aux déchets. L’objectif c’est aussi d’apprendre à cuisiner et à se faire plaisir en mangeant des plats simples, sains et délicieux. On accroche les gens par le goût. »

Douze familles ont participé à ce projet de janvier à juin 2012. Visites de fermes, conseils nutritionnels et cours de cuisine faisaient partie de la dizaine d’activités dont ces ménages ont pu bénéficier. Le projet a aussi favorisé une certaine mixité en faisant se rencontrer des familles aux profils sociaux et culturels variés. Des personnes seules, des ménages avec plusieurs enfants et des familles originaires de Bolivie, du Maroc et d’Iran ont participé au défi. La phase pilote du défi alimentaire a par ailleurs été une réussite puisque le projet a été renouvelé en septembre 2013.

 

La formation en maraîchage biologique : les légumes bio d’Etterbek

Depuis le début de l’année 2013, Marie est aussi responsable d’un projet de formation en maraîchage biologique pour les stagiaires du CPAS. Elle nous raconte la genèse de ce projet, fruit de la collaboration entre différents services de la Commune.

« Depuis 2008 il existe des jardins participatifs le long des voies de chemin de fer. Quand la Commune a eu accès à un autre terrain dans la même zone, elle a voulu mettre en place un projet complémentaire, centré sur la production agricole biologique. Après consultation avec des associations, le projet a évolué : la surface du terrain (1000m²) était trop petite pour y développer un projet avec une certaine rentabilité économique, mais il convenait parfaitement pour un lieu de formation en maraîchage biologique. La Commune a alors contacté le CPAS, et le projet est né. »

Ce projet a un double objectif d'insertion sociale et de formation professionnelle. La formation est proposée trois jours par semaine. Deux journées de travaux pratiques sont encadrées sur la parcelle par un formateur de l’asbl le Début des Haricots. Le troisième jour, Marie s’occupe du groupe en organisant des ateliers, des visites et des rencontres avec des professionnels de l’agriculture. Les paniers produits lors des formations sont donnés aux bénéficiaires du CPAS. Depuis septembre, certains sont vendus à un restaurant pédagogique qui dispense des formations en hôtellerie, ce qui permet aux stagiaires de se familiariser aussi avec les circuits de vente.

Sept personnes participent à la formation, dont trois de manière très assidue. Un des stagiaires a particulièrement « accroché », et a confié à Marie avoir appris « l’amour de la terre ». Il souhaiterait continuer dans cette voie l’année prochaine, mais le projet étant encore à un stade pilote, la formule de 2014 doit toujours être définie. Le cas échéant, les stagiaires pourraient s’orienter vers les formations de la ferme urbaine du Début des Haricots ou de Bruxelles-Formation.

 

Vers une alimentation et une agriculture durables

Quand je lui demande ce que son métier lui apporte personnellement, Marie m’explique qu’elle est heureuse de pouvoir concilier les divers aspects de ses études. Elle met à profit sa formation d’éco-conseillère tout en gardant un regard d’anthropologue sur la dimension sociale de son travail. Elle trouve aussi son métier plutôt agréable :

« Quand travailler consiste à participer à un cours de cuisine, c’est quand même sympa! Et puis toutes les visites pour le défi alimentaire étaient très gaies. »

Son métier a aussi changé ses habitudes alimentaires :

« Maintenant je mange des légumes provenant de paniers de producteurs locaux, j’ai appris à cuisiner alors que je n’aimais pas cela avant, et je mange aussi beaucoup moins de viande. Grâce aux cours de cuisine j’ai appris à manger végétarien et équilibré. J’ai aussi découvert plein de nouvelles épices et de produits peu communs, comme la farine de sarrasin ou d’épeautre. »

Elle poursuit :

« L’agriculture est moins polluante qu’il y a dix ou quinze ans, mais il reste encore du chemin à faire. Le changement ne peut-être que progressif, et il faut accepter que cela prenne du temps. » Marie le sait bien: sa mère est agricultrice et son père commerçant agricole. Leurs productions ne sont pas biologiques, et leurs conversations peuvent parfois être conflictuelles. Mais ce sont des métiers difficiles et il est très compliqué de changer de mode de production. Elle ajoute : « Je ne défends pas uniquement l’agriculture biologique pour atteindre une agriculture durable ; c’est aussi en défendant notre petite agriculture locale qu’on lui donnera les moyens de devenir durable. »