Société

Campagne Stop répression

8 janvier 2021 - par Amandine Kech

© Portrait de Florence Anthonis

Dire stop aux violences policières sous toutes leurs formes, c’est un des objectifs de la Campagne Stop Répression, mise en place depuis 2012 par l’organisation nommée Jeunes Organisés & Combatifs (JOC). S’appuyant sur une solide base de jeunes de milieux populaires, les JOC recueillent de nombreux témoignages, informent, soutiennent les familles des victimes et mobilisent. Rencontre avec Florence Anthonis, coordinatrice nationale chez les JOC.

 

Amandine : Florence, qu’est-ce que les JOC entendent par "Violences policières", que dénoncez-vous au juste?

Florence : Depuis le lancement de cette campagne en 2012, nous avons ciblé plusieurs types de répressions. Tout d’abord la poursuite des personnes migrantes ou sans papiers, pour laquelle nous nous sommes alliés avec des collectifs de sans-papiers. Nous avons visé aussi l’utilisation de nouvelles armes non létales, les tasers et les flashballs. Dernièrement nous nous sommes opposés à la répression des mouvements sociaux et au "tout sécuritaire", que ce soit le fichage lié au terrorisme ou généralisé ou encore la volonté de briser le secret professionnel des assitant.e.s socia.ux.les. Actuellement on se penche particulièrement sur le plan Medusa, contre les migrants.

 

Pourquoi vous êtes-vous engagés sur ce terrain - là?

Notre organisation est constituée par des jeunes issus de milieux populaires et la répression policière est très présente dans ces milieux-là. Nous basons notre action sur les retours de ces jeunes militants. Soit, ils subissent ces violences eux-mêmes, soit ils sont bouleversés par ce qui arrive aux autres jeunes, ou par l’actualité. Par exemple, aucun jeune de chez nous ne connaissait personnellement la petite Mawda ou sa famille, mais ils ont été bouleversés par sa mort.

Quand on a lancé cette campagne en 2012, c’était difficile de faire comprendre que c’était une réalité et qu’il y avait urgence. Il y avait trop peu de témoignages, ces violences policières étaient considérées comme des faits isolés, peu de gens y voyaient l’aspect systémique. Mais depuis 2012, il y a de plus en plus de témoignages, le phénomène prend de l’ampleur. Et aujourd’hui nous agissons en collaboration avec de nombreuses associations et collectifs.

 

Pourquoi les violences policières sont-elles inacceptables?

Mais parce que la police est un service public qui doit être au service des citoyens et pas une arme d’oppression ! Les violences policières sont une atteinte à la vie humaine, aux droits humains. Ces violences stigmatisent particulièrement les personnes étrangères ou issues de l’immigration. On vit dans un état policier de plus en plus décomplexé de son racisme. Ce qui me touche moi particulièrement, c’est que ce sont systématiquement les mêmes personnes qui sont stigmatisées et qui subissent les violences policières. Tout ça se passe dans l’impunité et il n’y a pas de sanction. C’est inacceptable que les gens aient peur d’un service qui à la base devrait protéger les citoyens !

 

Que mettez-vous en place concrètement pour lutter contre ces injustices?

On informe, on soutient les familles des victimes en organisant des évènements à prix libre, de manière à récolter de l’argent pour payer les avocats, on organise des manifestations, des débats, des tables rondes. On est proche de certains collectifs de familles et de citoyens comme le Collectif Justice pour Mehdi et Justice pour Mawda. Le 14 et le 15 mars, nous devions tenir nos "48h contre les violences policières" mais l’évènement a dû être annulé à cause de la crise du covid.

 

Avez-vous des pistes de changement à proposer? Que recommandez-vous aux responsables politiques et à la police elle-même?

Aux responsables politiques, nous demandons qu’ils arrêtent de fermer les yeux, qu’ils cessent de dire que les violences policières sont inexistantes. Au niveau communal, le chef de la police, c’est le bourgmestre. Il ne peut pas toujours nier que les ordres viennent de lui. Et nier l’existence des violences policières, c’est dire aux citoyens qu’ils mentent, c’est une double agression. Non seulement les citoyens sont agressés par la police mais en plus on ne les croit pas.

Par rapport à la police, nous sommes en train de construire des recommandations avec les autres associations de la Campagne Stop répression.

 

Et par rapport au confinement, les choses ont-elles changé?

En confinement, les mesures sanitaires stigmatisent encore plus les jeunes, notamment les jeunes de milieux populaires. D’ailleurs c’est ce que colportent les discours politique et médiatique : c’est que la propagation du virus serait la faute des jeunes. Ceux qui vivent dans un petit appartement, c’est encore ceux qui ont le plus de risques de se prendre une amende, ou pire, parce qu’ils prennent un peu l’air. On l’a vu avec la mort d’Adil en avril dernier à Anderlecht suite à une poursuite de la police. Et avec les mesures sanitaires aujourd’hui, la police peut entrer chez toi assez facilement, juste sur base d’une suspicion qu’il y aurait chez toi plus de personnes que permis.

 

Aurais-tu une ressource intéressante à nous partager, pour continuer de nous informer et agir?

Je vous recommande de vous tenir au courant de nos activités sur le site https ://www.stop-repression.be/ Il y a aussi une page Facebook !

 

Propos recueillis par Amandine Kech 

Animatrice-coordinatrice Magma asbl