Relations
Besoin d'appartenance à la communauté LGBTQI+ ? Le parcours de Myriam
29 mars 2018
Bruxelles, cette ville si spéciale. Cette ville si unique où le monde entier se rencontre. Un mélange si particulier ! Chaque jour, une nouvelle culture, une nouvelle façon de penser nous montre l'abondance de richesses que nous possédons dans notre ville. Je vous invite à partir à la rencontre de Myriam. Aujourd'hui Bruxelloise, elle a grandi au Pays-Bas et elle est d'origine belgo-algérienne. Femme de caractère, indépendante et ouverte d'esprit, j'ai eu la chance de la côtoyer sur les bancs de l'école supérieure.
Myriam, être multiculturel et unique, représente le mélange de notre région. Risquons-nous de faire disparaître ce mélange à force de mettre en exergue les diverses communautés et leurs différences ? Tentative de réponse au travers de cette interview avec pour sujet la question de l’appartenance à la communauté LGBTQI+. Cette interview se veut un partage, un échange.
Bonjour Myriam. Merci de m’accueillir chez toi. Pourrais-tu te présenter, nous faire part de ton parcours ?
Absolument ! Je m’appelle Myriam, j’ai 26 ans. J’ai grandi aux Pays-Bas et je suis venue en Belgique car j’ai la nationalité belge et je souhaitais un jour mettre les pieds dans ce pays. J’y suis venue faire mes études supérieures. Je fais actuellement mon stage pour devenir Comptable-Fiscaliste agréé. Je travaille dans un cabinet comptable mais j’ai également une société.
Comment as-tu découvert ton orientation, comment as-tu cheminé jusqu’à cette découverte ?
Je pense que je le savais au fond de moi depuis toujours. C’est-à-dire qu’à un certain âge, on commence tous à découvrir notre sexualité. Du moins, par qui on est attiré. Je sais depuis ce moment que je suis plutôt attirée par les filles.
Dès le départ, tu le savais donc… As-tu ressenti un malaise par rapport à cela lorsque tu étais plus jeune ?
En fait, c’est assez paradoxal parce que je ne comprenais pas qu’on puisse détester les homosexuels. Et à l’inverse, j’avais un problème vis-à-vis de moi-même. Lorsqu’on est petit, on nous vend « la vie parfaite » à savoir « Un mari – une femme – un enfant ». Du coup, c’était compliqué. Je l’ai mal vécu car je comprenais bien que ce schéma ne me concernait pas. Le rêve de “ la petite princesse ” a été brisé !
Jusqu’à l’âge de 16 ans, je l’ai mal vécu. Je ne sais pas si j’étais en dépression mais je pense que je n’en étais pas loin. J’ai consulté les psychologues de mon lycée. Malheureusement, j’ai dû tomber sur une des plus mauvaises psychologues francophones aux Pays-Bas. Cette dame était persuadée que l’homosexualité était une maladie.
De ce fait, j’ai appris à apprivoiser mon homosexualité toute seule. A cette époque, je compris que les psys ne m’aideraient d’aucune manière. J’ai dû grandir plus vite que je ne l’aurais voulu…
Par la suite, comment t’es-tu construite en tant qu’être humain ? En tant que femme lesbienne ? Comment as-tu assemblé toutes les pièces du puzzle afin d’obtenir la belle mosaïque que tu es ?
Oh,… Merci mon petit ! Mon homosexualité n’a jamais été le truc le plus important de ma vie. C’est toujours resté quelque chose de secondaire. Pour moi, être lesbienne est aussi normal que d’être gauchère… Ma construction en tant que femme lesbienne s’est faite naturellement.
Si je comprends bien, tu n’as éprouvé aucune gêne vis-à-vis de l’ambiance générale de notre société qui révulse la différence ? (Racisme, Homophobie, Xénophobie,…)
D’un point de vue personnel, ce n’est évidemment pas la première chose que j’annonce. Même si maintenant mes collaborateurs le savent et qu’il n’y a aucun problème. Je dirais que la seule difficulté fut les remarques très déplacées dans la rue. C’était simplement en me baladant main dans la main avec ma copine dans un beau quartier de Bruxelles. Lorsque j’étais en couple, j’ai entendu des choses inimaginables. Pour moi, c’était vraiment compliqué de ce point de vue-là. Je me demandais de quel droit se permettait-il de dire pareille chose.
As-tu ressenti le besoin de rejoindre un groupe LGBTQI+?
En fait, lorsque je suis arrivée à Bruxelles, je suis rentrée dans la communauté plus par envie de rencontrer des gens. Après m’être fait des amis, je n’ai pas ressenti le besoin d’y rester. De temps en temps, cela m’arrive de sortir dans un bar LGBT. Du coup, je suis à fond dans la communauté pendant une soirée et après je n’en éprouve plus le besoin d’y retourner toute suite. Tout simplement parce que je pars du principe que notre objectif n’est pas de faire bande à part au sein de la société. Et pour moi le fait d’avoir ce besoin de faire partie de la communauté, va à l’encontre de ce que je veux. A savoir, ne pas être différent des autres. Je veux un monde où par exemple, on peut se dire “cette femme est lesbienne” mais on ne pense pas que cette femme soit intrinsèquement différente des autres.
Que peut rechercher, retrouver, une personne qui fait son coming out à travers les groupes LGBTQI ? Et toi qu’as-tu trouvé ?
Tout simplement le fait que je ne suis pas la seule à vivre cela. Finalement, j’ai compris que je n’étais pas visée personnellement mais bien la communauté dans son ensemble. Malgré tout on vit encore dans une société peu ouverte. J’avais peur que la violence verbale se transforme en violence physique. C’est surtout cela qui me faisait peur.
Je connais beaucoup de personnes LGBTQI qui avait le besoin d’être dans la communauté. Dans le sens où je pense qu’ils ont beaucoup de choses à partager entre eux. Que ce soit culturel ou au niveau des discussions. Mais moi-même, je n’ ai pas ressenti personnellement le besoin de me rapprocher de cette culture.
Que penses-tu des événements comme le “Gay Pride”?
Je ne comprends pas le principe de la Gay Pride. Dans le sens où je me dis qu’il y a des gens qui se battent pour que l’on ait les mêmes droits que les autres. Très bien, mais pourquoi si l’on veut être considéré comme les autres montrer pendant un week-end ou une journée qu’on est différent ? C’est quelque chose que je n’arrive pas à comprendre.
J’aimerais savoir quel regard tu portes sur notre société et quelles choses devraient encore évoluer ? Quel espoir portes-tu ?
Je trouve qu’en Belgique, on s’en sort pas mal. J’ai beaucoup d’affinités avec la France et je trouve que dans ce pays, il reste encore beaucoup à faire. Il n’y qu’à se souvenir des « Manifs pour tous ». Je ne comprends pas les gens qui pensent que leur manière de vivre est la seule et unique voie à suivre sur terre… Il reste toujours des choses à faire en lien avec le rejet des homos. Comme pour toi qui est noir.
Lorsque les religions auront fait un pas en avant, comme le Pape François l’a fait, la tendance s’améliorera. Maintenant, on est face à l’émergence d’une nouvelle génération, la nôtre et les plus jeunes. Nous sommes plus ouverts aux différentes orientations sexuelles, elles font partie du paysage. On en parle plus qu’avant. Pour moi, on va vers un progrès, mais il faudra encore attendre pour être totalement sur un pied d’égalité avec les hétéros.
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