Relations

Dialogue booster

27 novembre 2019 - par Jessie Tshiasuma

Pour moi, c’est dans la parole qu’on trouve le bien-être. Pour mieux vivre à Bruxelles, il faut sensibiliser un maximum de gens au respect de l’autre, pour qu’il y ait moins de violences verbales. Dans cet article, je vous explique ce que sont la violence verbale et ses impacts et je donne quelques conseils pour plus de respect.

Voici l’expérience de Maïté. Elle a vécu une situation négative dans le métro en voulant s’asseoir auprès de trois jeunes. Ceux-ci l’ont insultée de manière très vulgaire, sous le regard de plein de personnes. Elle raconte :

“Le garçon parlait très fort, on voyait qu’il voulait impressionner les deux jeunes filles avec qui il était. Moi, je viens vers eux pour m’asseoir, mais en fait à ce moment-là, une des jeunes filles met son pied sur le siège. Donc je la regarde, elle enlève son pied, elle s’excuse, et me propose de m’installer, donc je m’assieds. Et là, le garçon commence à m’insulter, à me dire “Ah ouais, toi je t’avais vue dès que t’es rentrée dans le métro, t’es une grosse salope, pour qui tu te prends ?…” - Maïté

Je pense que la façon de parler n’a pas à être banalisée, on n’a pas le droit d’utiliser les mots pour descendre les gens, ça leur fait perdre l’estime d’eux-mêmes. Et pourtant, cette estime est la base pour avoir une vie plus heureuse, dirigée sur la voie du bonheur.

Les gens sont sensibles et ont parfois la chance de pouvoir choisir comment communiquer avec les autres. Nous avons la chance de pouvoir faire un travail d’introspection, de se remettre donc en question pour  le bien-être de nos pairs.

“Souviens-toi que le bonheur ne dépend non pas de ce que tu es ou de ce que tu possèdes, mais uniquement de ta façon de penser.” D. Carnegie
 

Manque de respect, insultes, pourquoi ça fait mal ?

Pour mieux comprendre pourquoi les insultes ne doivent pas être banalisées, j’ai rencontré Sophie Ypersiel, gestalt-thérapeute et responsable du suivi individuel de jeunes à la Plateforme pour le Service Citoyen à Bruxelles.

Jessie : Sophie, en quoi une insulte peut-elle avoir un impact réel sur la personne visée ?

Sophie : Une insulte a inévitablement un impact sur la personne qui la reçoit. Il s’agit d’un signe de recon- naissance négatif et inconditionnel, selon l’analyse transactionnelle fondée par Eric Berne1. Cela veut dire que l’injure est, en général, exprimée comme une vérité négative qui réduit la personne à cette étiquette. C’est comme si elle était “condamnée” à n’être que cela.

Si ce message négatif vient de la part d’une personne qui a une certaine autorité, celui ou celle qui le reçoit peut avoir tendance à l’intérioriser, à l’assimiler, à le croire. Il peut alors être difficile de prendre de la distance par rapport à ces propos. C’est ce qui risque d’arriver également à une personne ayant déjà une faible estime d’elle-même. 

Et dans tous les cas, une insulte créera généralement un sentiment désagréable, une réaction de défense (attaque, fuite ou repli) ayant des conséquences sur la relation ainsi qu’une démotivation ou un désinvestissement de la personne insultée si cela se passe dans le cadre d’une activité impliquant son engagement.

Jessie : Comment se sent la victime si l’insulte est dite en public ?

Sophie : Si cette insulte est adressée à quelqu’un en présence d’autres personnes, cela peut générer de l’exclusion et du rejet, aussi bien pour l’insulteur que pour l’insulté. Pour celui qui est victime de ces propos, il ressentira sans doute davantage de honte et un sentiment d’humiliation plus profond qui sera d’autant plus difficile à surmonter.

Jessie : Quel peut être l’impact sur des personnes qui assistent à la situation ?

Sophie : Si cela se passe dans un groupe, les consé- quences sur la dynamique du groupe peuvent être nom- breuses : violence dans le groupe, phénomène de bouc émissaire, création de clans, mauvaise ambiance, etc.


Discours positifs : pourquoi en a-t-on besoin ?

Jessie : Pourquoi faut-il avoir des paroles valorisantes envers les autres ?

Sophie : Nous avons toutes et tous besoin d’être reconnus. Toujours d’après Eric Berne, le fondateur de l’analyse transactionnelle, il s’agit d’un besoin fonda- mental pour l’être humain, comme se nourrir, boire, se sentir en sécurité, etc. Par exemple, des expériences ont montré qu’un bébé sans attention, sans contact et sans reconnaissance peut se laisser mourir. Dans ce sens, on peut dire qu’être reconnu est vital !

Jessie : Quelles conséquences amène un tel échange ?

Sophie : Un discours positif valorise celui ou celle qui le reçoit et nourrit l’estime de soi. Que ce soit un discours centré sur la personne ou sur ce qu’elle a fait. Ces propos renforcent également la confiance en soi, en l’autre et en la vie, ce qui est indispensable pour oser s’affirmer, aller de l’avant, nouer des relations saines/ enrichissantes et réaliser ses projets.

Cela booste la motivation, augmente le plaisir et favorise l’engagement dans une activité ou vis-à-vis d’un autre individu. En plus, c’est contagieux ! Plus vous serez le bénéficiaire de discours positifs, plus vous serez à même de parler naturellement des autres positivement.


Mes quelques conseils concrets pour plus de respect

Les paroles négatives viennent d’une frustration, d’une irritation ou d’une autre violence. J’invite donc les gens à avoir des paroles qui boostent car les mots prononcés ont un grand pouvoir ! Alors pourquoi ne pas utiliser ce pouvoir dans le bon sens ?

Voici quelques manières d’agir pour axer positivement nos dialogues :

  • Se considérer comme égaux
  • Introspection : se comprendre soi-même, comprendre ce qui se passe en nous avant d’agir
  • Écouter les autres
  • Apprendre à communiquer, par exemple avec la communication non violente. Exprimer ses observations, ses émotions, ses besoins, ses demandes.
  • Gérer ses émotions, par exemple avec le yoga ou la méditation.

 

 

Un article et des dessins de Jessie Tshiasuma

 


1 L’analyse transactionelle est une méthode qui permet de mieux comprendre les relations entre les personnes et dans les groupes.